The Power of the Dog

Réalisation : Jane Campion

Casting : Benedict Cumberbatch, Kirsten Dunst, Jesse Plemons, Kodi Smit-McPhee, Thomasin McKenzie, Keith Carradine, Frances Conroy, Genevieve Lemon…

Nationalité : Néo-zélandais, australien, canadien

Genre : Western, drame

Durée : 2h08

Date de sortie : 1er décembre 2022

Bande-annonce : https://youtu.be/8iG1zdLEetI

Synopsis

Originaires du Montana, les frères Phil et George Burbank sont diamétralement opposés. À eux deux, ils sont à la tête du plus gros ranch de la vallée du Montana. Lorsque George épouse en secret Rose, une jeune veuve, Phil, ivre de colère, se met en tête d’anéantir celle-ci. Il cherche alors à atteindre Rose en se servant de son fils Peter, garçon sensible et efféminé, comme d’un pion dans sa stratégie sadique et sans merci…

Mon avis

Un western aussi lancinant que puissant !

C’était une des grandes attentes Netflix de mon côté et je dois dire que ce fut une découverte monumentale.

« Un homme est fait de patience et des chances qui sont contre lui. »

C’est effectivement dans un western que nous allons plonger, néanmoins, il flirte avec la modernité, en plein 20ème siècle, quelques éléments de l’évolution humaine sont bien présents, mais l’esprit des ranchs et autres cowboys reste tout à fait prégnant. Nous serons propulsés à travers des étendues sauvages extraordinaires, dans les tréfonds de villages isolés où seules les bêtes comptent, le travail du cuir, des chevaux et toute la virilité qui y est liée inévitablement. Une virilité d’ailleurs au centre du tableau, dans toute son ambiguïté justement, celle d’hommes forts qui doivent ne montrer aucune faiblesse, dans un monde brutal où il ne faut surtout pas faire preuve d’une quelconque féminité, tant physiquement, que psychologiquement. Mais rien n’est jamais aussi simple, l’ambivalence sera le maître mot ici, les apparences sont bien souvent trompeuses, profondément cachées, même à soi-même, elles ne peuvent exploser au grand jour, sous peine de faire s’effondrer un rôle depuis bien longtemps en place. À la réalisation, la grande Jane Campion, qui fait une fois de plus des merveilles, artistiquement notamment, avec ces vues époustouflantes, ces paysages arides, sauvages, qui mettent en perspective la ridicule fragilité de l’être humain, face aux forces de la nature. Visuellement, tout en sobriété, on reconnaît pourtant son génie, la beauté qu’elle parvient à mettre dans chaque plan, c’est un travail sublime, qui fait de la majorité des scènes, un véritable bijou à savourer, un spectacle de tous les instants. En ce qui concerne le scénario, il pourra vous paraître très simple, mais ne vous y trompez pas, là encore, place aux apparences, tout est dans la suggestion, tout se déroule en arrière plan et sans que l’on s’y attende, c’est un récit sombre, délicat, dramatique, qui se joue devant nous. Le rythme y est extrêmement lancinant, une lenteur voulue, étudiée, qu’il faut apprendre à savourer, une patience qui va prendre tout son sens au fil du temps, mettant en place une psychologie terriblement fine et d’une importance cruciale. Effectivement, tout se joue entre les relations de ces personnages, entre ce qu’ils veulent bien montrer et ce qu’ils sont réellement, parce que derrière certains comportements, se cachent une tout autre réalité, une réalité qui va tout bouleverser. Et lorsque les masques tombent, c’est une vérité choc qui se libère, qui prouve que la virilité n’est pas ce qu’elle semble être, que la force peut se cacher derrière la fragilité et qu’il faut savoir s’en méfier, parce que le mal existe là où on ne l’attend pas forcément. Quant au casting, il est excellent, on peut principalement noter la performance extraordinaire de Benedict Cumberbatch qui crève l’écran, mais aussi celle de Kodi Smit-McPhee tout en sensibilité, le rôle de Kirsten Dunst est tout en nuances et celui de Jesse Plemons dans une retenue étudiée.

En bref : Un western qui se frotte doucement à la modernité, opposant une vie rude, une nature sauvage, bien que sublime, qui met en perspective la fragilité de la vie humaine, qui nous fait partager une histoire sur les apparences, celles dont il faut savoir se méfier, en percer les mystères, pour dévoiler toutes les subtiles vérités bien cachées et qui viennent bouleverser toutes les pensées étriquées que l’on peut tous avoir !

8/10

16 réflexions au sujet de « The Power of the Dog »

  1. Benedict Cumberbatch à l’affiche, c’est déjà un argument de taille pour moi ! J »étais passée à côté de cette sortie alors merci d’autant que tu m’as donné très envie, notamment en évoquant la subtilité du scénario. Je suis convaincue que les choses suggérées sont toujours plus fortes que celle assénées sans subtilité et délicatesse.

    Aimé par 2 personnes

  2. Ton superbe article épouse parfaitement les qualités de ce film époustouflant, remarquable tant visuellement que scénaristiquement, sans parler de l’interprétation : Kirsten Dunst est parfaite, Plemons non moins, Benedict Cumberbatch mérite un Oscar et le jeune Kodi Smit-McPhee est à mon sens la révélation du film. Evidemment, il demeure la frustration de ne pas pouvoir l’apprécier sur très grand écran, dans une salle obscure. Joli coup pour Netflix en tout cas qui a mis la main sur une pépite.

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire