Barbie

À Barbie Land, vous êtes un être parfait dans un monde parfait. Sauf si vous êtes en crise existentielle, ou si vous êtes Ken.

Mon avis

Un film aussi décalé qu’intelligent !

Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre, mais je dois dire avoir été très agréablement surprise par ce film tout à fait atypique.

« Les humains n’ont qu’une seule fin. Les idées vivent pour toujours. »

Pour tout vous dire, j’étais terriblement dubitative quant à l’annonce de ce film, clairement, de prime abord, c’était sans moi, mais au fil des semaines, j’ai révisé mon jugement, il a su attiser ma curiosité, jusqu’à me convaincre pleinement suite à son visionnage et pourtant, Dieu sait que les Barbie, ça n’a jamais été ma tasse de thé. Ce qui ressort instantanément, en premier lieu, c’est son univers, à quel point il a été travaillé, on lui a donné vie de la plus belle des manières, tout a été pensé, maîtrisé, c’est évidemment très rose, on ne va pas se mentir, mais ils sont allés bien plus loin, c’est un environnement à part entière, les clins d’œil sont omniprésents et c’est un monde imaginaire extraordinaire qui s’ouvre à nous. Autant dire que c’est une plongée totalement loufoque qui s’offre à nous, qui peut paraître très superficiel et si dans un premier temps, ça peut l’être, c’est totalement assumé d’ailleurs, pour mieux rebondir ensuite, pour justement montrer toute la profondeur qui peut se cacher derrière les apparences. C’est bien ça toute la force de ce métrage, à travers cet univers si léger, presque niais pourrait-on dire, on dénonce tout un système, on pointe du doigt le fonctionnement de notre société, son patriarcat exacerbé, mais plus encore, l’inégalité des sexes qui a toujours cours, mais on nous prouve également que le féminisme extrême n’est en rien une solution, bien au contraire. Grande fan du travail de Greta Gerwig, j’étais très heureuse de la retrouver ici, sa vision extrêmement réaliste de notre monde, mais surtout, sa sensibilité pour nous faire partager ses idées, elle sait montrer les souffrances de notre monde, mais aussi l’espoir qui existe pour les guérir, pour faire changer les choses, militante, sans être violente dans ses propos, elle sait toujours le faire avec justesse. Visuellement, c’est un petit bijou, l’une des plus grandes forces de ce film, indéniablement, c’est une fresque ultra colorée, à l’identité marquante, les décors, les costumes, tout est parfaitement travaillé, tout est pensé au millimètre près, c’est un monde imaginaire qui prend littéralement vie, à tel point qu’on pourrait penser qu’il existe bel et bien. En ce qui concerne le scénario, d’une intelligence remarquable, il manie l’ironie avec brio, avec un ton délicieusement décalé, il paraît des plus banals, utilisant l’image écervelée de son héroïne, pour bousculer nos préjugés et pour totalement renverser la situation. Ainsi, lorsque cet univers imaginaire tout beau, tout rose, vient percuter la réalité de notre vrai monde, toute la vérité explose, sachant mettre en avant ce qui ne fonctionne pas dans chacun d’eux, parce qu’il faut un savant mélange de chaque finalement, on prône l’équilibre, sans domination aucune d’un côté, comme de l’autre, c’est ainsi que nous ferons avancer notre société. Quant au casting, il est assez génial, ce duo Margot Robbie/Ryan Gosling est absolument savoureux de crédibilité, j’ai été particulièrement touchée par la relation entre America Ferrera et Ariana Greenblatt, j’aimerais aussi souligner la folie douce de Kate McKinnon.

En bref : Un film qui réussi pleinement son pari, qui donne admirablement vie à un univers imaginaire absolument bluffant visuellement, délicieusement acidulé, coloré, c’est un spectacle de tous les instants, mené par des musiques, mais aussi des chorégraphies qui valent clairement le coup d’œil, sous couvert de légèreté, d’un ton totalement décalé, ce sont des messages forts qui nous seront livrés, avec une justesse percutante sur notre société et sur les avancées qui lui restent à faire !

8/10