La Nouvelle Femme

Réalisation : Léa Todorov

Casting : Jasmine Trinca, Leïla Bekhti, Rafaëlle Sonneville-Caby, Raffaele Esposito, Laura Borelli, Nancy Huston, Agathe Bonitzer, Sébastien Pouderoux…

Nationalité : Français, italien

Genre : Historique, drame

Durée : 1h39

Date de sortie : 13 mars 2024

Bande-annonce

Synopsis

En 1900, Lili d’Alengy, célèbre courtisane parisienne, a un secret honteux, sa fille Tina, née avec un handicap. Peu disposée à s’occuper d’une enfant qui menace sa carrière, elle décide de quitter Paris pour Rome. Elle y fait la connaissance de Maria Montessori, une femme médecin qui développe une méthode d’apprentissage révolutionnaire pour les enfants qu’on appelle alors « déficients ».

Mon avis

Un film bouleversant et passionnant !

Il m’avait tout de suite intrigué, alors je suis ravie d’avoir pu le découvrir, ce fut une découverte riche d’émotions.

« Je pars en guerre, pour conquérir les droits de l’enfant. »

Nous voilà au début du 20ème siècle, entre France et Italie, d’un côté, nous suivons une figure qui a réellement existé, Maria Montessori, un nom connu de tous à l’heure d’aujourd’hui, mais qui faisait ses débuts à l’époque, qui commençait tout juste à entreprendre sa guerre personnelle, sa lutte pour une autre éducation pour les enfants, ceux déficients dans un premier temps, mais ensuite, pour tous les autres également. D’un autre côté, c’est une figure plus imaginaire que nous suivons, une femme libre, une parisienne mondaine, quelque peu frivole, qui cherche avant tout la richesse, la gloire, deux destins diamétralement opposés donc, mais qui vont finir par se croiser, par se rejoindre, pour donner une tout autre direction à toutes ces jeunes vies en devenir. Loin de n’être qu’un biopic, il y a effectivement une grande part de fiction, mais elle vient parfaitement servir le récit, même s’il est romancé, on parvient à saisir les tenants et aboutissants de toute une époque, le parcours de cette femme, sa volonté de se battre pour ce en quoi elle croit, à un moment de l’Histoire où la parole des femmes n’était encore que bien peu de chose. Et c’est bien là, tout l’intérêt de ce métrage, exposer le rôle de la femme, l’image qu’on se fait d’elle, la place qu’elle doit tenir, toujours en retrait, toujours derrière un homme, lui, qui doit attirer toute la lumière, lui, le seul payer pour son travail, alors qu’elle reste dans l’ombre, qu’elle est la base de toute cette nouvelle méthode, mais qu’elle n’a malheureusement pas le droit d’attirer toute l’attention qui lui est pourtant dûe. La réalisation de Léa Todorov est des plus agréable, j’apprécie beaucoup sa vision des éléments, cette idée d’avoir mêlé la fiction à la réalité, ça apporte une autre dimension, loin de desservir les évènements, ça vient souligner les questions de toute une époque, dans un respect historique malgré tout. Visuellement, tout en sobriété, c’est une belle reconstitution, qui possède tous les codes de cette période, mais c’est aussi un zoom extraordinaire sur l’enfance, qu’elle soit normale ou plus atypique, c’est la mise en avant de cette innocence, de la façon dont on grandit, c’est un tableau extrêmement lumineux et plein d’espoir. En ce qui concerne le scénario, il est parfaitement écrit, intelligent dans sa manière d’aborder les évènements, il met en lumière le destin extraordinaire de cette femme, mais aussi de toutes celles qui l’entourent, parce que c’est aussi une histoire de sororité, de solidarité. C’est un récit bouleversant qui s’offre à nous, un message d’amour extraordinaire, qu’il faut parfois savoir apprivoiser, parce qu’être mère n’est pas toujours inné, surtout dans ces circonstances, il faut lutter avec les jugements, avec le regard des autres, apprendre à connaître cet enfant différent et c’est aussi apprendre à se connaître soi-même. Quant au casting, il est absolument extraordinaire, c’est le duo Jasmine Trinca/Leïla Bekhti qui fait toute la force et toute l’alchimie de cette histoire.

En bref : Un film absolument passionnant dans le récit qu’il met en avant, basé sur des faits réels, il parvient à mêler une touche de fiction, qui, loin de desservir l’ensemble, parvient à lui apporter une tout autre dimension, en nous faisant partager ces destins de femmes, solidaires, bien que très différentes et qui vont devenir les meilleurs alliés de ces enfants différents, mais aussi de tous ceux qui vont pouvoir bénéficier de cette révolution de l’éducation !

8/10