LaRoy

Réalisation : Shane Atkinson 

Casting : John Magaro, Steve Zahn, Dylan Baker, Matthew Del Negro, Megan Stevenson, Galadriel Stineman, Brad Leland, Bob Clendenin…

Nationalité : Américain, français

Genre : Thriller, drame

Durée : 1h52

Date de sortie : 17 avril 2024

Bande-annonce

Synopsis

Quand Ray découvre que sa femme le trompe, il décide de mettre fin à ses jours. Il se gare sur le parking d’un motel. Mais au moment de passer à l’acte, un inconnu fait irruption dans sa voiture, pensant avoir affaire au tueur qu’il a engagé.

Mon avis

Un film aussi cynique que prenant !

Séance découverte de mon cinéma local, je n’ai pas hésité longtemps avant d’y plonger et quelle belle découverte ce fut.

« Les gens ne voient que ce qu’on leur laisse voir. »

Focus sur une Amérique profonde dont on sent toute la décrépitude, des villes gigantesques, construites à une époque florissante, où tout était en expansion, mais qui se sont écroulées au fil des années, en même temps qu’une économie qui avait tout misé sur ses industries phares, mais qui ont grandement périclité, pour s’effondrer totalement, entraînant un exode massif et des villes qui deviennent de véritables fantômes. Ne restent que des âmes égarées, déchues de tous leurs rêves, des ruines de magasins tous fermés, parce qu’il n’y a tout simplement plus personne pour les faire vivre et les quelques personnes qui essaient encore d’y croire ou plutôt, qui ont bien trop peur de quitter tout ce qu’ils ont toujours connu, même si plus rien ne les attend, même le bonheur de leur mariage, basé sur des apparences trompeuses. Voilà le cadre un peu désespéré, un brin pathétique parfois, qui s’ouvre à nous, qui peut paraître sombre, pessimiste même et effectivement, c’est la réalité d’un pays, qui peut être celui de beaucoup d’autres aux États-Unis où tout n’était que grandeur, avant de suivre ce chemin descendant, jusqu’à la déchéance la plus complète, laissant sa population dans un dénuement frappant. Véritable western des temps modernes, il en possède tous les codes, parce que plus qu’un film sociétal, c’est également un thriller redoutable d’efficacité, qui donne le ton immédiatement, qui nous plonge dans ses méandres les plus obscurs, les plus froids aussi, avec un regard terriblement acéré sur tout ce qui nous entoure, en passant par le mariage, l’amour ou l’amitié, tout est littéralement passé sur le fil du rasoir. La réalisation de Shane Atkinson est saisissante de par sa vision des choses, il possède un regard extérieur tranchant, extrêmement cynique sur notre société, qu’il retranscrit à merveille dans son univers, il nous propose à la fois un environnement très moderne, mais qui possède des accents des plus grands westerns. Visuellement, c’est une petite pépite, tout y est minutieusement travaillé, tout est étudié dans les moindres détails, très artistique, la photographie y est absolument sublime, pour nous immerger au cœur d’un environnement aussi grandiose, que dévasté. En ce qui concerne le scénario, c’est à mon sens, là, que réside son point le plus fort, bien qu’il puisse paraître assez simple dans son postulat de départ, il sortira clairement des sentiers battus par les chemins qu’il saura emprunter, pour nous livrer un récit fort de sujets extrêmement réalistes et d’un rythme constant. C’est une intrigue incisive dans laquelle nous allons nous plonger, faite de quiproquos, d’imbroglios, de malentendus, où ceux qui n’ont rien demandé à personne, se retrouvent embarqués dans une véritable course contre la montre où il est tout de même question de sauver sa peau et sous couvert d’un humour aussi hilarant, que très noir, ce sont des destins extrêmement tristes, qui trouveront ici leur chemin. Quant au casting, John Magaro est absolument parfait dans ce rôle, celui de Steve Zahn m’a fait mourir de rires et Dylan Baker est effrayant de froideur.

En bref : Un western extrêmement moderne, qui prend ses racines dans une Amérique profonde, tout à fait contemporaine à notre époque, un cadre qui montre toutes ses villes construites dans la grandeur de ses industries florissantes, mais qui s’écroulent depuis bien longtemps déjà, devenant de véritables villes fantômes, peuplées d’âmes désabusées, qui n’ont plus aucun rêve, plus aucune issue, si ce n’est lorsqu’un événement vient littéralement faire exploser leur quotidien, nous propulsant au cœur d’un thriller incisif et parfois très sombre !

9/10

7 réflexions au sujet de « LaRoy »

  1. Super article !
    J’aime beaucoup cette lecture désenchantée que tu fais du film, une vision très juste qui se cache derrière un traitement parfois gaguesque des personnages. On a beaucoup comparé ce film d’Atkinson au travail des frères Coen à leurs débuts, entre Bloody Simple et Fargo.
    Ce film a reçu le Grand Prix au festival de Deauville l’an dernier.

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    1. Merci infiniment pour tes compliments, ça me touche toujours beaucoup ! Et je l’ai vu en salle, mon cinéma propose une séance ciné-découverte tous les mois, d’ailleurs, le prochain, c’est « Anora », que j’irai voir grâce à toi 😉

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  2. Brillant et formellement magnifique..Une belle suprise que j’avais pas vu venir du tout ! 😍👊Comme tu l dis le gros point fort est le scénario qui nous montre une Amérique en décripitude et qui fait écho au monde réel !

    Aimé par 1 personne

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