Visions

Pilote de ligne confirmée, Estelle mène, entre deux vols long-courriers, une vie parfaite avec Guillaume, son mari aimant et protecteur. Un jour, par hasard, dans un couloir d’aéroport, elle recroise la route d’Ana, photographe avec qui elle a eu une aventure passionnée vingt ans plus tôt. Estelle est alors loin d’imaginer que ces retrouvailles vont l’entraîner dans une spirale cauchemardesque et faire basculer sa vie dans l’irrationnel…

Mon avis

Un thriller hypnotique et passionnant !

La bande-annonce m’avait intrigué et s’il n’est pas parfait, ça reste un métrage de qualité, haletant du début à la fin.

« La plupart des gens mettent tout dans des tiroirs à souvenirs et ferment à clé. »

On plonge dans un univers quasiment hypnotique, entre rêves, prémonitions et réalité, toujours à la frontière, presque de la folie même, on ne saura jamais vraiment ce qui existe ou ce qui n’est que pur fantasme, si ce que nous voyons est arrivé ou si ça va arriver ou même si c’est une simple création de l’esprit. C’est ce qui fait l’originalité de ce métrage, ce mélange des genres, ce pêle-mêle de visions, qui participe grandement à une certaine perte de repères, on ne sait pas ce qui nous attend, on ne comprend pas tout immédiatement, nous sommes perdus, mais c’est une sensation volontaire, qui nous embarque finalement aisément dans son sillage. Ça devient alors un thriller absolument passionnant, une véritable quête de vérités, qui nous plonge toujours plus profondément dans un esprit torturé, rongé par la culpabilité, par la trahison aussi, par des blessures anciennes, qui viennent resurgir et modifier la perception du réel, parce que le monde qui l’entoure est trop difficile, trop décevant peut-être. C’est une atmosphère de mystères, d’étrange, un immense puzzle psychédélique, où on a l’impression qu’aucune pièce s’emboîte, on a cette sensation de déséquilibre constant, d’être des funambules attendant la moindre chute fatale, c’est extrêmement intéressant, autant que déroutant et c’est une expérience d’une intensité remarquable. J’apprécie beaucoup le travail de Yann Gozlan, il a une patte tout à fait particulière, qui se reconnaît aisément, des plans qui forment un certain maelstrom, qui peuvent paraître fouillis, mais qui sont étudiés, maîtrisés, une certaine vivacité, qui confine presque à l’hyperactivité, mais qui fait toute son authenticité. Visuellement, c’est extrêmement frappant, les images sont sublimes, presque artistiques d’ailleurs, il faut savoir l’apprécier dans son intégralité, pour en déceler toutes les nuances, chaque élément est important, sujet à vous apporter des détails cruciaux, il faut savoir tout observer, pour trouver les réponses. Ainsi, le scénario peut paraître complexe, dans un premier temps, il l’est, il faut savoir s’accrocher, être spectateur de ce qui se déroule, pour ne rien rater, il faut partir dans l’optique que l’on ne comprendra pas l’ensemble immédiatement et avoir la patience d’attendre le bon moment, pour que la vérité se fasse jour. Mais voilà, c’est à mon sens dans son dénouement que l’intrigue pêche justement, ce sera ma petite déception, j’ai eu l’étrange sensation d’un certain gâchis, les réponses sont peut-être trop simples à mon goût, je m’attendais à plus ou en tout cas à ce que l’issue sorte d’un certain carcan trop éculé, après autant d’originalité, on pouvait s’attendre à une finalité qui sorte tout autant du lot, mais ce ne sera pas le cas. Quant au casting, il est tout à fait au rendez-vous, Diane Kruger y est tout simplement parfaite, le rôle de Mathieu Kassovitz est tout en nuances et la présence de Marta Nieto sera d’une importance primordiale.

En bref : Un thriller hypnotique, presque psychédélique, toujours à la frontière entre rêve, réalité ou fantasme, on ne saura jamais vraiment ce qui existe, ce qui a eu lieu ou ce qui est de l’ordre du fantasme, une sensation de déséquilibre déroutante, mais qui participe grandement à notre immersion, qui nous fait partager un récit passionnant, qui nous tient dans ses griffes, dans cette quête de vérité haletante, mais qui déçoit quelque peu dans son dénouement, avec des réponses peut-être trop simples et trop clichés !

7/10