La Zone d’Intérêt

Réalisation : Jonathan Glazer

Casting : Christian Friedel, Sandra Hüller, Johann Karthaus, Luis Noah Witte, Nele Ahrensmeier, Lilli Falk, Anastazja Drobniak, Cecylia Pękala…

Nationalité : Américain, britannique, polonais

Genre : Historique, drame

Durée : 1h45

Date de sortie : 31 janvier 2024

Bande-annonce

Synopsis

Le commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss, et sa femme Hedwig s’efforcent de construire une vie de rêve pour leur famille dans une maison avec jardin à côté du camp.

Mon avis

Un film incontestablement frappant !

Je n’étais pas sûre de pouvoir le voir, mais par bonheur, j’ai pu sauter sur l’occasion d’une séance unique et quelle claque ce fut.

« La vie dont nous jouissons vaut largement ce sacrifice. »

Un énième film qui concerne la Seconde Guerre Mondiale, c’est ce que beaucoup vont penser, si c’est bien le sujet principal, je crois n’avoir jamais vu un métrage s’atteler à ce sujet de cette manière, c’est sûrement là où réside le chef-d’œuvre, par cette vision bien particulière qu’il aura de nous montrer les choses. Nous serons au cœur d’Auschwitz, sûrement le pire camp de concentration qui a pu exister, ou en tout cas, le plus connu, mais jamais, pas un seul instant, nous verrons des images de ce qui s’y passe, pour la simple et bonne raison, que nous allons nous concentrer sur ses voisins, cette famille de nazis, avec son mari, directeur de cette usine du macabre, accompagné de sa gentille petite famille. Voilà, toute la force de ce film, mettre en avant la vie, somme toute banale de ce portrait familial modèle, dans un cadre bucolique, un quotidien qui leur paraît normal, idéal, alors qu’à deux pas de leur jardin, se déroule l’innommable, la monstruosité la plus abjecte, les cris, les pleurs, les fumées de ces corps que l’on brûle, les tirs qui résonnent tels des sentences de mort. C’est ce contraste qui fait toute l’horreur de cette situation, bien que nous savons tous quels montres ils pouvaient être, on se rend compte de la normalité que ça représentait pour eux et c’est à cet instant, qu’ils se dévoilent dans toute leur cruauté, dans toute la froideur dont ils pouvaient faire preuve, considérant des êtres humains, comme une simple marchandise avariée, dont il fallait se débarrasser. La réalisation de Jonathan Glazer est à mon sens, une vraie pépite, sa vision des choses, ses choix artistiques sont clairement à saluer, ils donnent une authenticité, une originalité extraordinaire, à un sujet qui a pourtant été adapté à de multiples reprises. Visuellement, c’est une claque monumentale, tout est fait de symboles, de scènes coup de poing, on ne montre jamais rien de la violence directe, bien que nous la connaissions tous, il n’est pas nécessaire d’en être témoin une fois de plus, alors, on la suggère, on la perçoit à travers des instants terrifiants de cette froideur chirurgicale qui faisait leur quotidien. En ce qui concerne le scénario, il est formidablement écrit, bien qu’assez simple en apparence, c’est tout ce qu’il révèle en sus, qui fait toute la différence, qui fait toute sa force, il expose les faits presque cliniquement, pourtant, les messages véhiculés sont d’une puissance absolument percutante. Il nous sera particulièrement difficile de rester insensible face à l’horreur de la situation, c’est l’incompréhension, la colère qui viendront nous animer, parce qu’il est impossible de rester de marbre, face à cette horreur, pourtant, certains le pouvaient et c’est ce contraste qui viendra littéralement nous poignarder en plein cœur, nous laissant sous le choc de l’inhumanité qui pouvait exister à cette époque. Quant au casting, il est simplement bluffant, Christian Friedel et Sandra Hüller sont exceptionnels de talent, pourtant, quelle difficulté d’interpréter l’horreur avec autant de crédibilité.

En bref : Un film très particulier, qui ne plaira sûrement pas à tous, parce que sa vision des évènements est différente, parce qu’il prend un parti plus original que ce que nous connaissons, pourtant, ce point de vue fait de symboles, d’images, de sons, fait justement toute la différence, nul besoin de voir, pour comprendre et effectivement, toute l’horreur, toute la monstruosité, saura nous parvenir de la plus violente des manières, d’autant plus à travers ce dénouement des plus percutant de réalisme !

9/10

6 réflexions au sujet de « La Zone d’Intérêt »

  1. « cette vision bien particulière qu’il aura de nous montrer les choses.  » ou pas… l’art de montrer sans dévoiler est vecteur de cette puissance dont tu parles et dont Glazer a su tirer parti dans un film exceptionnel. Je suis content que tu aies pu le voir. Assurément un des grands films du moment. Un film qui valait une Palme d’or selon moi.

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