Roqya

Réalisation : Saïd Belktibia

Casting : Golshifteh Farahani, Amine Zariouhi, Jeremy Ferrari, Denis Lavant, Isma Kébé…

Nationalité : Français

Genre : Thriller

Durée : 1h37

Date de sortie : 15 mai 2024

Bande-annonce

Synopsis

Nour vit de contrebande d’animaux exotiques pour des guérisseurs. Lorsqu’une consultation dérape, elle est accusée de sorcellerie. Pourchassée par les habitants du quartier et séparée de son fils, elle se lance alors dans une course effrénée pour le sauver. La traque commence…

Mon avis

Un film original et très prenant !

Malgré peu de médiatisation, il m’a beaucoup intrigué, alors j’étais très heureuse de pouvoir le découvrir, d’autant plus que j’ai passé un très bon moment.

« Les gens pensent que je suis possédée, mais je suis juste en colère. »

Ce qui fait le principal intérêt de ce métrage c’est cet aspect mystique, presque spirituel qui l’entoure, dans notre monde moderne, on pourrait penser que tout ce qui touche à la sorcellerie n’a plus vraiment cours, pourtant, bon nombre y croient toujours et la pratiquent encore, pour des problèmes plus ou moins importants, plus ou moins sérieux. Malheureusement, toute cette cohorte de spécialistes, de marabouts, de sorciers, de rebouteux, ou autres, tous ne possèdent pas cet état d’esprit d’entraide, pour beaucoup, ce n’est qu’un business, un moyen de gagner beaucoup d’argent et pire encore, d’escroquer ceux qui peuvent véritablement être dans le besoin, ceux pour qui tout cela représente presque la dernière chance, c’est de ces dérives qu’il sera avant tout question, amplifiées par notre technologie. Effectivement, à l’heure des multiples réseaux sociaux, on se rend compte du danger que ça peut être, que ce soit pour tous ces charlatans, qui peuvent faire leur pub impunément, détruisant toujours plus de vies, parce qu’il est d’autant plus facile de trouver des victimes, mais aussi à l’inverse, de la chasse aux sorcières qui peut suivre, lorsque ça dérape, lorsqu’il faut trouver un coupable idéal, quand ce que l’on souhaitait ne survient pas et que notre haine se multiplie telle une traînée de poudre. Mais en plus de cela, on évoque également les dangers de la religion, qui face à d’autres croyances que la leur, peut se montrer d’une violence extrême, usant de procédés tout aussi répréhensibles que ceux contre lesquels ils disent lutter, alors, de la sorcellerie à la foi, on se rend compte qu’il n’y a qu’un pas et que les méthodes de chacun peuvent devenir de véritables dangers, lorsque les victimes n’ont plus aucun recours. La réalisation de Saïd Belktibia m’a beaucoup plu, très moderne, il a réussi à transposer cette idée de chasse aux sorcières à notre époque, ici, point de bûcher, mais le lynchage en place publique qui prend une toute autre tournure, en plein cœur d’une cité, avec la violence intrinsèque que ça peut comporter. Visuellement, on expose parfaitement les contrastes de notre société, ces quartiers pauvres gangrenés par les conflits, où chacun fait ce qu’il peut pour s’en sortir, y compris quelques trafics en tous genres, bien que suggérée, la brutalité y est tout de même présente, si on ne voit rien directement, quelques scènes peuvent être particulièrement choquantes, mais viennent également servir une certaine réalité. En ce qui concerne le scénario, je dois dire que je suis assez bluffée par son écriture, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre, mais c’est un thriller plutôt efficace, doté d’une petite touche horrifique, notamment liée à tout ce sujet qu’est la sorcellerie, un mélange des genres qui fonctionne à merveille et qui nous offre un film tout à fait atypique. Effectivement, l’intrigue est particulièrement prenante, nous livrant un récit des plus rythmés, les réflexions qui le parcourent sont parfaitement réalistes, j’étais loin de m’imaginer ressortir avec un message si percutant, ce sera pourtant le cas, impossible de ne pas être profondément touché par tout ce qui se déroulera et par les vérités parfois très sensibles qui seront mises en avant. Quant au casting, il est des plus crédibles, Golshifteh Farahani y est absolument extraordinaire, j’étais très surprise par le rôle de Jeremy Ferrari et le jeune Amine Zariouhi est assez incroyable.

En bref : Un film qui met en scène une chasse aux sorcières moderne, à l’heure des réseaux sociaux, on se rend compte de l’ampleur considérable, extrêmement dangereuse, que ça peut prendre, mais c’est également le témoignage saisissant du conflit qui peut exister entre religion et croyances plus ésotériques, des méthodes finalement très similaires qui peuvent exister chez chacun, conduisant parfois à tout autant de dérives, malheureusement, ni l’un, ni l’autre, n’est exempt de cupidité !

7/10

8 réflexions au sujet de « Roqya »

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