Ni Chaînes, Ni Maîtres

Réalisation : Simon Moutaïrou

Casting : Ibrahima Mbaye Tchie, Camille Cottin, Anna Thiandoum, Benoît Magimel, Félix Lefebvre, Vassili Schneider, Lancelot Courcieras, Lazare Minoungou…

Nationalité : Français 

Genre : Historique, drame 

Durée : 1h38

Date de sortie : 18 septembre 2024

Bande-annonce

Synopsis

1759. Isle de France. ​Massamba et Mati, esclaves dans la plantation d’Eugène Larcenet, vivent dans la peur et le labeur. Lui rêve que sa fille soit affranchie, elle de quitter l’enfer vert de la canne à sucre. Une nuit, elle s’enfuit. Madame La Victoire, célèbre chasseuse d’esclaves, est engagée pour la traquer. Massamba n’a d’autre choix que de s’évader à son tour. Par cet acte, il devient un marron, un fugitif qui rompt à jamais avec l’ordre colonial.

Mon avis

Un film bouleversant de vérités !

Je ne pouvais que sauter sur l’attrait de cette séance unique et quelle claque ce fut.

« Aucun être humain ne mérite un tel traitement sur cette Terre. »

Il n’est jamais aisé d’aborder les côtés sombres de sa propre Histoire, de pointer du doigt ses pires erreurs, de les admettre enfin, à la face du monde, c’est le cas ici, en abordant le passé colonialiste de la France, c’est les décisions de nos ancêtres qui sont passées au crible, leurs actes les plus ignobles, les plus inhumains, tout simplement, pour une couleur de peau. Bien sûr, nous savons tous ce dont nous avons été capables, nous savons que nous avons colonisé d’autres pays, détruit leur population, ou pire encore, lorsque nous les avons réduit à l’esclavage, eux qui habitaient ici, ne sont plus devenus que les servants de leurs bourreaux, de la pire des manières qui soit, travaillant dans des conditions abominables, ou plus innommable encore, ne servant que d’objets de désirs aussi abjects, qu’hypocrites. Un racisme adoubé par tous, par l’église, par les puissants, contre des humains, comme vous et moi, différents seulement par leur couleur de peau, des sauvages, qui n’ont pour eux, aucun droit, même pas celui de vivre dignement, des êtres inférieurs, que l’on traite plus mal que des bêtes, mais que nous sommes pourtant bien contents de trouver, pour exécuter les basses besognes, ou ses bas instincts, dans ces cas-là, on ne rechigne bizarrement plus à se mélanger. Alors, c’est un passé bien cruel qui nous est exposé, presque insoutenable, parce qu’on ne parvient pas à imaginer jusqu’où certains ont pu aller, pour assouvir leur suprématie et nous en sommes témoins de la plus violente des manières, sans fards, sans mensonge, dans toute la plus percutante des vérités, une réalité qui me semble nécessaire, pour ne jamais oublier, pour enfin tenter de réparer certaines injustices. La réalisation de Simon Moutaïrou est absolument saisissante, aussi sublime, qu’artistique, il a su mettre en lumière ce passé si sombre, au cœur d’un univers pourtant idyllique, un contraste qui prend d’autant plus aux tripes, qui vient nous marquer avec encore plus d’ardeur. Visuellement, c’est d’une maîtrise totale, mais il faudra avoir le cœur bien accroché, parce que rien ne nous sera épargné, ce qui pourra paraître trop violent, n’est malheureusement que le reflet des actes commis, alors il ne faut pas détourner le regard, pour affronter la vérité dans tout ce qu’elle a de plus crue, de plus brutale. En ce qui concerne le scénario, il a su, lui aussi, se montrer intelligent, parce que rien n’est noir ou blanc, dans un monde qui prône pourtant l’ascendant de l’un, sur l’autre, on comprend que tout n’était pas si simple, que tous n’étaient pas d’accord avec ces traitements et que certains ont tenté d’agir, pour ouvrir les esprits, pour faire comprendre le ridicule de tels propos, mais le changement, ne peut pas venir que d’une seule personne. Alors, c’est un récit bouleversant qui s’offre à nous, celui d’un peuple qui n’avait plus aucun espoir, pour qui la liberté n’était qu’un lointain fantasme, mais qui fera son possible pour s’en sortir, pour lutter contre les châtiments les plus abjects, un récit difficile, vrai, qui nous laissera marqué au fer rouge, par ces destins si tragiques. Quant au casting, il est magistral, Ibrahima Mbaye Tchie y est tout simplement grandiose, Benoît Magimel est effrayant de crédibilité et je suis bluffée par la performance de Camille Cottin.

En bref : Un film ô combien difficile, un cri du cœur, celui qui avoue enfin les erreurs du passé, celui qui clame la vérité d’une Histoire beaucoup trop longtemps tue, il n’est jamais aisé d’admettre être à la tête de tels actes, mais il est pourtant nécessaire d’en être témoins, même si la vérité paraît insoutenable, que ce qui a été commis est inhumain de cruauté, il est bon d’ouvrir les yeux et de saluer le courage, la volonté de tout un peuple, uni par la liberté, peu importe les sacrifices !

9/10

6 réflexions au sujet de « Ni Chaînes, Ni Maîtres »

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