Johnny Guitar

Réalisation : Nicholas Ray

Casting : Joan Crawford, Sterling Hayden, Mercedes McCambridge, Scott Brady, Ward Bond, Ben Cooper, Ernest Borgnine, John Carradine…

Nationalité : Américain 

Genre : Western, drame

Durée : 1h50

Date de sortie : 11 février 1955

Bande-annonce

Synopsis

​​​Tenancière d’un saloon, Vienna embauche Johnny Logan comme musicien, un homme qu’elle a connu autrefois. Ils vont être en proie à la haine d’Emma Small, jalouse de Vienna et de sa relation avec le héros local, le Dancing Kid, qu’elle croit à l’origine de la mort de son frère lors d’une attaque…

Mon avis

Un western avant-gardiste époustouflant !

Quelle chance de pouvoir découvrir ce film dans le cycle à revoir de mon cinéma local et quel moment incroyable.

« Lorsqu’un feu s’éteint, tout ce qui reste, ce sont des cendres. »

Une immense surprise que ce western, un genre éminemment masculin s’il en est, qui va pourtant démontrer tout son avant-gardisme ici, abordant des sujets toujours d’actualité, exposant une image de la femme terriblement moderne, pas question de féminisme pour autant, simplement le rôle d’une femme forte, indépendante, qui assume ses choix, jusqu’au bout. Un genre où les femmes sont habituellement peu représentées, ou tout du moins, pour des interprétations plus légères, voire très sexualisées, mais dans ce métrage, ce sont elles qui portent toute l’importance du contexte, elles qui sont mises en avant, un duo fait de contrastes, le conservatisme d’un côté, la modernité de l’autre, à l’image d’une société en constante évolution, mais des mentalités qui ont elles, du mal à changer, qui ont tendance à rester sur des carcans bien établis. Alors, cette femme fait tout voler en éclats, elle assume son envie d’indépendance, son besoin de gérer sa vie elle-même, d’une poigne masculine, d’une main de fer, elle gère ses affaires, ne veut pas laisser sa part aux autres, tirer son épingle du jeu et peu importe ce que l’on peut penser d’elle, les ragots, les préjugés, elle prend son destin en main et assume les conséquences qui en découlent. Bien que l’on retrouve tous les codes du genre, ils viennent finalement mettre en exergue ces sujets, on ne choisit pas la facilité des classiques bandits, contre le gentil shérif et ses troupes, c’est beaucoup plus subtil, plus nuancé, ici, les hommes se trouvent presque manipulés, se battent contre une idée, un harcèlement là aussi des plus moderne, un effet de meute que l’on retrouve toujours de nos jours. La réalisation de Nicholas Ray se révèle alors être une pépite d’intelligence, il utilise le contraste jusque dans les couleurs, opposant leur vivacité, pour une Joan Crawford d’un charisme, d’une puissance extraordinaire, contre le noir, d’une Mercedes McCambridge austère, passéiste, traditionnelle, des actrices qui imposent leur interprétation, qui portent réellement le film sur leur joute, accompagnées néanmoins par un Sterling Hayden là aussi, très différent de ce dont nous pouvons avoir l’habitude, qui refuse la violence, tant qu’il en a le choix.

En bref : Un western étonnant, terriblement avant-gardiste dans les sujets qu’il aborde, autant que dans les rôles qu’il met en avant, il nous offre une vision d’une modernité effarante pour l’époque, nous faisant partager un récit bouleversant, celui d’une femme qui ose tout, qui se bat pour ses choix, contre l’esprit rétrograde qui l’entoure, une aventure dotée d’une histoire d’amour, elle aussi à contre-courant, pleine de sensibilité, de douceur, mais de souffrances également et qui ne choisira jamais la facilité, bien au contraire !

9/10

14 réflexions au sujet de « Johnny Guitar »

  1. Un western avant-gardiste, c’est un bon moyen pour moi d’aller vers ce genre qui ne m’attire pas plus que cela. Vu la date de sortie, la représentation féminine est impressionnante. Bon nombre de films actuels sont loin de faire aussi bien. Merci pour ton avis 🙂

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  2. 🎶 »Play the guitar, play it again, my Johnny… » 🎶
    Wow, quel article ! Tu m’as donné envie de le revoir. Et quelle chance d’avoir pu le découvrir en salle ! De la même époque, je recommande aussi le superbe « 40 guns » de Fuller avec une magistrale Barbara Stanwyck, mais aussi l’excellent « Convoi de femmes » de Wellmann et « le Ranch des maudits » de Fritz Lang avec l’immense Marlène Dietrich.

    Aimé par 1 personne

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