Mon Gâteau Préféré

Mahin a 70 ans et vit seule à Téhéran. Bravant tous les interdits, elle décide de réveiller sa vie amoureuse et provoque une rencontre avec Faramarz, chauffeur de taxi. Leur soirée sera inoubliable.

Mon avis

Un film aussi touchant que bouleversant !

Je ne pouvais clairement pas passer à côté de la chance unique de le découvrir dans mon cinéma et ce fut un merveilleux moment.

« Je n’ai pas peur de la mort, j’ai peur de mourir seule. »

Au vu du titre, difficile de s’attendre à quoique ce soit, il résonne d’une certaine douceur, d’une gourmandise incontestable et si pendant une grande majorité du film, nous n’en comprenons pas réellement la signification, toute la symbolique va se dévoiler au fil de la dernière partie, pour nous toucher en plein cœur. Mais avant tout, c’est une plongée en Iran, un voyage qui aurait pu être extraordinaire, si la situation actuelle n’était pas si dramatique, le pays s’enfonçant toujours plus profondément dans la répression, dans l’oppression la plus terrifiante, les droits se réduisant littéralement à peau de chagrin, opposants, femmes, minorités, orientations sexuelles, tous sont dorénavant en danger, parce que le pouvoir ne les tolèrent sous aucun prétexte. Si ce métrage n’est pas un véritable pamphlet contre le gouvernement actuel, il en dénonce néanmoins les exactions, mais avec subtilité, sans être direct, il parvient à mettre en avant le quotidien d’un peuple soumis, qui n’a plus le droit à grand-chose, si ce n’est celui de se taire ou de dénoncer autrui, la délation étant chaudement recommandée. Bien que nous connaissions les grandes lignes ce qui s’y déroule depuis plusieurs années, ça n’est pas la même chose d’en être témoin, de comprendre jusqu’où la répression peut aller, tout ce qu’elle interdit à son peuple, lui qui vit maintenant dans la peur, ainsi que dans la pauvreté, la crise s’installant peu à peu et dans tous les domaines possibles. La réalisation de Maryam Moghadam et Behtash Sanaeeha est pleine de douceur, eux qui ont tant risqué pour nous livrer ce film, ils l’ont fait avec une sensibilité extraordinaire, sans nous dévoiler le pire, mais à travers un biais presque innocent, qui en devient finalement plus impactant encore. Visuellement, c’est un petit bijou, tout en simplicité, avec peu d’éléments, dans un cadre assez restreint, ils nous montrent pourtant tant de choses, des petits riens qui exposent pourtant toute la vérité, toute l’injustice dans laquelle ils survivent, en attendant d’être enfin libres. En ce qui concerne le scénario, il peut être déroutant dans un premier temps, nous ne savons pas réellement dans quelle direction il souhaite nous amener, mais au fil de son écriture tout en finesse, on en comprend la finalité, ce qu’elle veut mettre en exergue et ce qui se joue derrière une certaine innocence. Alors, c’est un récit plein d’humanité qui se dessine, une histoire d’amour comme on en voit bien trop rarement, d’autant plus lorsqu’elle est interdite, lorsque le simple fait d’être vus ensemble peut être synonyme de prison, alors, il faut profiter de ces instants volés à la vie, dans toute leur simplicité, savourer leur douceur et la liberté qu’elle nous offre, l’espace de quelques heures, avant que la vérité ne nous rattrape. Quant au casting, il est absolument formidable, c’est le duo Lili Farhadpour/Esmaeel Mehrabi qui tient l’ensemble sur ses épaules et qui nous touche en plein cœur.

En bref : Un film qui peut paraître sans conséquence dans un premier temps, presque anodin, innocent, mais qui nous dévoile de manière profondément subtile, la situation dramatique de tout un pays, qui a lentement plongé dans la plus terrifiante des répressions, où les droits sont réduits quasiment à néant, pour un peuple qui peine tout juste à pouvoir respirer librement, c’est à travers une histoire d’amour sans prétention, que l’on parvient à entrevoir toute la portée d’un tel climat et le drame qui se joue en coulisse !

9/10