Une Place pour Pierrot

Pierrot, 45 ans, est autiste et vit dans un foyer médicalisé. Déterminée à lui offrir une vie digne, sa sœur Camille le prend chez elle et se met en quête d’un endroit mieux adapté à sa différence. Le chemin est long mais c’est la promesse d’une nouvelle vie, au sein de laquelle chacun trouvera sa place.

Mon avis

Un film bouleversant de vérités !

J’ai tout de suite été touchée par la bande-annonce et j’en suis ressortie aussi émue que ce que je pensais.

« Il prend toute la place. »

Ce film, c’est avant tout la réalité de beaucoup de parents, de familles, qui ont dans leur entourage, un enfant avec des troubles du spectre autistique, des enfants à part, qui sont toujours très mal considérés dans notre société, parce que rien n’existe pour eux, aucune structure n’a su s’adapter à leurs spécificités et à leurs difficultés. La France cumule un retard monstrueux dans ce cadre précis, autant que dans celui du handicap, un vaste sujet, pris à bras le corps ici, exposant le quotidien, le combat que ça peut être, parce qu’il faut se battre constamment, lutter pour faire valoir des droits, pour apprendre autrement, pour que la différence ne signifie pas une exclusion totale du monde, mais que l’inclusion puisse se faire tout en douceur. Alors, être parent d’un tel enfant, c’est se demander comment il fera lorsque nous ne serons plus là, où il finira par aller, qui saura l’aimer, prendre le relais et c’est se rendre compte que ce qui l’attend, c’est bien souvent un établissement hyper médicalisé où il sera shooté pour plus de praticité, parce que personne n’a le temps de s’occuper de lui, de le stimuler comme il en aurait besoin. Impossible de se résoudre à ce style de vie, à voir cet être s’éteindre peu à peu, commence donc un long combat, trouver une structure qui sait comment faire, qui peut valoriser leurs talents, les aider à être aussi autonomes que possible, tout en les poussant à s’élever, mais il faut aussi accepter de passer le flambeau et c’est un acte pas si simple que ça, déchirant même d’un certain côté. La réalisation d’Hélène Medigue est d’une sensibilité extraordinaire, pleine de douceur, de lumière, elle a su aborder des sujets difficiles, tout en les mettant en avant comme dans un cocon. Visuellement, ressort essentiellement cette volonté de luminosité, les paysages, même dans Paris, tout a pour vocation d’apporter de l’espoir, à travers un sentiment de liberté omniprésent, celui de faire voler en éclats les carcans imposés par la société. En ce qui concerne le scénario, il est évidemment assez simple, pour autant, son intérêt ne réside pas là, mais dans les vérités qu’il véhicule, dans les situations qu’il met en avant. Ainsi, c’est un récit bouleversant qui nous est partagé, fort de justesse, de délicatesse, d’humour également, c’est le parcours de beaucoup, celui chaotique de ces familles qui vivent avec un être différent, mais non moins important, de ce combat quotidien qu’elles mènent et dont nous devrions tous prendre connaissance, ne serait-ce que pour les soutenir. Quant au casting, il est extrêmement fort, avec un Grégory Gadebois au sommet de son art, Marie Gillain est terriblement touchante et j’ai été particulièrement émue par le rôle de Mathilde Labarthe.

En bref : Un film difficile dans les épreuves qu’il met en avant, dans ses sujets, trop peu abordés encore, dans notre pays bien trop en retard dans l’inclusion, autant que dans les structures adaptées pour ces personnes à part, qui ont pourtant droit à toutes les chances, c’est un récit profondément touchant et plein d’espoir, incroyablement lumineux, il ne tombera à aucun moment dans un pessimisme latent !

8/10